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Une approche critique : comment généraliser ?

Toute réflexion sur l’innovation à des fins d’articulation à une politique publique est strictement relié à un enjeu de développement ou d’approfondissement de l’innovation qui la encore implique une forme d’accord du Ministère sur la dynamique à mettre en place. L’enjeu de développement ou d’approfondissement de l’innovation désigne l’effort d’étendre une innovation en valorisant une diversification des pratiques et donc une forme d’enrichissement et de complexification de l’usage de l’innovation. Ce processus de développement est à distinguer de la notion de généralisation qui amène dans la plupart des cas à une destruction de l’innovation par une standardisation et une simplification des pratiques à travers des dispositifs de formation en cascade. Éviter le piège de la généralisation implique ainsi de valoriser des espaces de développement de l’innovation et qui dans la pratique peut se matérialiser par l’incitation et l’appui au développement de « pôles de références » et dont le fonctionnement sera axé sur une valorisation permanente de la création de nouveaux savoirs, de la diversification des pratiques, et donc d’un enrichissement permanent de l’innovation.

 

Ainsi, on peut envisager deux modalités de généralisation d’une innovation, par dispersion ou par essaimage. 

 

  1. La première de ces modalités, qui est la plus utilisée et qui consiste par exemple à former en cascade les praticiens attendus de ces innovations, dégrade progressivement l’innovation en cherchant à la promouvoir et donc la détruit à termes. En effet plus la généralisation se développe par dispersion plus l’innovation s’appauvrie en passant par les différents filtres de la compréhension des formateurs et des formées pour aboutir au final à de nouvelles prescriptions dont on connait à l’avance le sort final d’une telle externalisation.

 

  1. La deuxième modalité s’intéresse plutôt à identifier les facteurs humains qui sont derrière l’émergence de l’innovation en tant que telle, et se questionne au préalable sur les conditions et les pratiques de travail qui ont permis à l’innovation de naître. Dans ce modèle, la généralisation porte prioritairement sur ces conditions et ces pratiques de travail, et moins sur l’innovation en elle-même. Dans ce modèle, l’essai de généralisation insère l’innovation dans un environnement soigneusement sélectionnée et où son implantation éclose au fil du temps générant elle-même alors de nouvelles innovations. Le développement réticulaire lui permet alors lorsqu’il atteint une maturité suffisante, la diffusion attendue dans un système. Mais cette diffusion est internalisée, car pour se former à ces innovations il est alors nécessaire de se rapprocher du lieu même de cette éclosion pour y découvrir les ressorts, les conditions, les pratiques de travail qui en ont été à l’origine. La formation prend alors la forme d’un compagnonnage où le centre de formation laisse la place à un parcours initiatique dans lequel l’objet est moins de transmettre des contenus mais plutôt de laisser les acteurs expérimenter des manières de faire à partir d’un protocole minimaliste pour les accompagnant tout en valorisant nécessairement l’essai-erreur, et c’est ce modèle qui ouvre alors une voie possible à l’essaimage de l’innovation initiale voir au développement de nouvelles innovations. 

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